L’indicible, c'est ce qui ne peut être dit. C'est ce qui ne peut pas être transmis par voie orale. Donc, par essence, l'indicible est transmissible grâce à d'autres langages. En effet, ce n'est pas parce que ce qui est indicible n'est pas dit qu'il n'existe pas. Il peut être transmis par l'écriture, le langage des signes, toutes les formes de création, d'expressions, autres que la parole.
En psychologie et en médecine, l’indicible peut se transmettre à travers symptômes. Le corps peut exprimer un langage ( douleurs, comportements particuliers... ) qui manifeste de quelque chose qui n'est pas dit, ou qui est refoulé. On s'approche alors des méthodes de la psychanalyse lorsqu'on tente de faire émerger un message de l'inconscient d'un individu.
Souvent, la cause du non-dit est sociale. En effet, dans notre société, il y a plusieurs choses dont il n'est pas admis de parler. Il existe des tabous autour de la sexualité, autour de la religion, autour de la mort, autour de la maladie, autour de l'argent. Et ces interdits ne sont pas seulement moraux et intérieurs, car il existe des censeurs et des punitions pour quiconque tenterait de transgresser ces interdits. C'est le cas des interdictions de publicité pour atteinte à l'intégrité.
Également, la cause du non-dit peut être due à un manque de richesse du vocabulaire ou du langage parlé. On peut très bien imaginer le cinéma dépasser la parole lorsqu'il s'agit d'exprimer le mouvement, la peinture également lorsqu'il s'agit d'exprimer un paysage, ou la sculpture lorsqu'il s'agit d'exprimer un volume. Nous pouvons aussi penser qu'une personne n'arrive pas à exprimer une chose parce qu'elle est nouvelle pour elle, qu'elle doive l'expérimenter pour pouvoir mettre des mots dessus.
Heureusement, l’indicible n'est pas condamné à le rester. Il doit parfois être transgressé pour une raison principale, qui est celle d'accéder à la compréhension, puis à l'acceptation. Cette compréhension et cette acceptation des choses ne peuvent être atteintes que par l'articulation. C'est le cas du névrosé qui se soigne en comprenant, en mettant des mots sur son traumatisme. C'est le cas du jeune adolescent qui apprend dans un manuel d'éducation sexuelle les mots du corps humain.
Crédit photo: Nicholas Mottola Jackobsen & Dominique Pichard