Des brosses à dents colorées et des verres, c'est tout ce qu'il a fallu pour mettre en place l'atelier d'aujourd'hui : « Discussion de salle de Bain ».
Sur une table, une dizaine de verres étaient alignés. Devant chacun des gobelets, sur des cartes, des situations familiales ou des situations amoureuses ( famille monoparentale, famille polyamoureuse, couple lesbien, célibat, amour d’enfance… ). Devant lui, l’utilisateur avait trois types de brosses à dents: Des grandes brosses à dents roses, représentant les femmes, des grandes brosses à dents bleues, représentant les hommes, et des petites brosses à dents pour enfant. Il s’agissait pour l’utilisateur de remplir les gobelets selon les situations.
À travers ce jeu d'énigmes, j'avais la volonté d'utiliser des objets du quotidien, c'est à dire des objet auxquels on est très habitués, pour parler de choses auxquelles nous ne sommes, justement, pas habitués.
Cette fois-ci, je suis on ne peut plus content du résultat de l'atelier. Très souvent, ce sont des enfants accompagnés de leurs parent qui ont voulu participer au jeu. Les enfants ne connaissaient pas forcément toutes les situations amoureuses, et les parents ont été content de les aider. Le terme « polyamoureux » a d'ailleurs posé problème à certains parents, ce jeu devient alors intéressant autant pour les parents que les enfants.
Contrairement à mes intuitions, personne n'a été choqué par la mise à disposition des mots lesbien, gay ou polyamoureux, et c'est une très bonne chose. De nombreux parents trouvaient d'ailleurs, sans que je leur indique l'intention de l'atelier, qu'il était très à propos lorsqu'eux mêmes n'ont pas l'occasion ou les mots pour en discuter avec eux. Les seules personnes qui, sans se montrer choquées, n'ont pas trouvé cet atelier intéressant et adapté aux enfant ont été deux personnes plutôt âgées.
Une anecdote, sur le tabou, est à raconter autour de cet atelier. Je demande à un enfant si il y a des termes qu'il ne connaissait pas dans les situations amoureuses. Il me dit qu'il connaissait les termes « gay » et « lesbien » sous un autre nom. Et lorsque je lui demande lesquels, il devient tout rouge et regarde son père, comme si il avait honte de dire le mot devant lui. Le mot qu'il semblait vouloir dire était « homosexuel », mais il était impossible pour lui de le dire devant son père, comme si il s'agissait d'un gros mot. Était-ce le mot en lui même qui lui posait problème ou la situation ?
J'ai été également amené à rencontrer une famille de brésiliens qui m'ont rapporté un témoignage très intéressant. Ils ont pris en photo l'atelier, parce qu'il aurait eu une réception beaucoup plus mitigé au Brésil, où ces questions là ne sont absolument pas posées à cause d'une politique trop conservatrice.
À présent, le but est de se demander comment ce principe pourrait s'introduire à la maison, dans le domaine privé. Car tel qu'il est, il serait trop redondant et inadapté pour être considéré comme un jeu de chambre. Cependant, dans le cadre d'un atelier pendant une intervention en classe ceci est tout à fait envisageable et je pense d'ailleurs le proposer.
Cet atelier m'a alors rendu sûr d'une chose : Les mots autour de la sexualité, même si ils n'ont que rarement l'occasion d'être évoqués, ne provoquent pas de gêne, et sont relativement bien accueillis. Mais ici, j'ai parlé de l'homme et de la femme à travers des symboles qui étaient les brosses à dents colorées. Mais que se passe-t'il si je parle de l'homme et de la femme concrètement ? Avec de la peau, des poils, des organes génitaux, des seins, des couleurs et des formes ? C'est sûrement ce que nous allons voir lors de notre prochain atelier.