Les publicités, pour concerner et séduire le consommateur, s'efforcent à reproduire au mieux son quotidien. Lactel, lui, en 1990, reproduit un quotidien quasi-universel, la scène du petit déjeuner en famille, et y introduit une pirouette scénaristique à laquelle tout parent s'identifie...

L'enfant demande à son père ce qu'est cette bouteille de lait. Il ne lui répond pas. Au bout de plusieurs questions sans réponses, pour gêner son père, l'enfant lui demande comment on fait les bébés. Le père, embêté, préfère répondre à la précédente et explique le fonctionnement de cette bouteille de lait. Lactel a réussi à faire passer son message grâce à la réaction fuyante du père.

Si cette pub fonctionne aussi bien, c'est parce que tout le monde peut s'identifier aux réactions des personnages. La réaction du père précisément, tout le monde la comprend. Tout le monde comprend pourquoi il fuit à la question de son fils sur la sexualité. Le tabou sexuel est bel est bien présent dans cette publicité amusante qui, puisque universelle, est un véritable témoignage de la société dans laquelle elle se présente. On évite de parler de sexualité à nos enfants. Et même ce garçon le sait, étant donné qu'il pose cette question uniquement pour gêner son père.

Je me donne comme objectif d'aider ce père à répondre à son enfant. Pour qu'il ne soit plus gêné par cette question, et qu'il puisse lui parler avec des mots et des images adaptées à son âge.

Parce qu'imaginez un enfant dont les parents n'arrivent pas à expliquer comment on fait les bébés. Peut-être va-t'il toujours croire jusqu'à ses 27 ans qu'ils arrivent grâce aux cigognes. Peut-être va-t'il croire que les réponses à ses questions se trouvent sur les sites pornographiques.

Et si le père n'arrive pas à répondre à cette question de base, comment pourra-t'il expliquer les questions de genre, d'identité sexuelle, d'orientation sexuelle, d'homosexualité, de bisexualité, d'asexualité, de polyamour, ou tout simplement d'amour ? Je me propose de tout cœur pour aider ce père en détresse qui va engendrer un enfant flottant dans la non-information.

Et la parodie des Nuls, en allant au delà de sa grivoiserie, nous donne à voir une démarche très intéressante. Dans celle-ci, le père ne fuit pas la question, et va utiliser un objet du quotidien pour expliquer de façon simple ( sans qu'elle soit adaptée bien entendu ) la reproduction humaine. Et c'est vers ce modèle que je compte me diriger.