Jeudi 15 Septembre 2016
Chaleursfélines

Les exemples de tabou vis à vis de la sexualité sont nombreux autour de nous. Cette semaine-ci, j'ai été confronté à un nouveau cas de figure très parlant. Le tabou sexuel y a dépassé la sphère de la sexualité humaine pour se reporter sur toute l'idée de reproduction en général. Voici le récit d'une mère de famille proche de mon entourage.

Il y a quelque temps, dans cette famille, la chatte avait ses chaleurs (c'est compliqué d'appeler un félin femelle d'une autre façon, n'en déplaise à votre bienséance). Elle se dandinait dans l'appartement, avec le postérieur en l'air et la queue sur le coté. Le garçon de la famille, de 7 ans, se demande à sa mère pourquoi elle se positionne de cette façon. Sa mère, en connaissance de cause mais dans l'idée de « préserver » son fils, lui dit qu'elle est malade, et constipée, et qu'elle a besoin d'être soignée pour revenir à la normale. Le garçon est devient très préoccupé et est prêt à aller demander de l'aide pour qu'on vienne en aide à sa chatte.

Pourquoi cette mère de famille n'a pas voulu dire la vérité à son fils ? Pourtant, ce fait ne viole ni l'intimité d'un être humain, ni une supposée intimité du chat qui n'en a pas, et ne va pas faire plonger de garçon dans les entrailles du vice.

De plus ce serait peut-être un bon moyen d'éveiller l'esprit du garçon aux principes de bases de la reproduction. Et les moyens sont nombreux pour en parler avec des idées simples et facilement compréhensibles sans expliquer l'ensemble du processus reproductif. Un « Elle se fait belle pour attirer son amoureux » aurait suffit.

Justement, peut-être que cette mère de famille n'avait pas les mots pour expliquer cette situation à son fils, et a préféré inventer une histoire rationnelle plutôt que d'expliquer les choses de façon beaucoup plus conceptuelle, beaucoup moins tangible, et qui est beaucoup plus problématique dans la société. Un idéal justement serait de donner des outils aux parents pour pouvoir parler en douceur et de façon adaptée de sexualité.

Et si le problème n'est pas du à un manque de mots, se trouve-t'il dans la vision qu'on a de la reproduction en général. La reproduction, est-ce vulgaire ? Une chatte qui soulève son postérieur, est-ce vulgaire ? La nature est-elle vulgaire ?

Mais mentir pour détourner la question est un peu fort et pose un réel problème. On va faire passer quelque chose d'on-ne-peut-plus naturel comme quelque chose de négatif, qui n'est pas habituel, et qui est associée à la maladie. On retourne encore une fois vers cette conception croupissante qui consiste à associer la sexualité au péché.

J'espère que ce garçon saura connaîtra un jour l'issue de cette mystérieuse affaire concernant son chat...

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