Si l’éducation sexuelle à l’école ne fonctionne pas aujourd’hui, on peut être amené à se demander si elle est vraiment nécessaire à l’école. Il nous semble que oui, et ce pour plusieurs raisons.
La mixité socialePremièrement, l’école est obligatoire pour tout enfant, qu’il soit issu d’un milieu modeste ou plus aisé, que son niveau culturel soit plutôt faible ou élevé, qu’il ait grandi dans une famille religieuse ou non. Au départ, l’accès aux questions de la sexualité dépend principalement de ces facteurs sociaux. Par exemple, il est facile d’imaginer qu’un enfant issu d’une famille qui a accès à un nombre varié d’œuvres culturelles aura plus de facilité à comprendre la sexualité qu’un enfant dont la famille n’aurait pas accès à tant de diversité. L’intégration de l’éducation sexuelle à l’école donne alors une accessibilité aux questions de la sexualité égale à tous les enfants.
Ce qui est intéressant, c’est lorsque nous abordons la question de la religion. Faut-il proposer des cours sur la sexualité à des enfants qui, mûs par des principes judéo-chrétiens, ne voudraient pas assister à ces cours ? Bien sûr que non. Et Israël Nisand nous le confirme en invitant, lors de son intervention au collège du parc à Illkirch, tous les élèves voulant sortir de la salle à le faire. Mais au delà de cette liberté, il serait bon de rappeler aux opposants que l’éducation sexuelle est aussi nécessaire pour des questions sanitaires et sociales, qu’elle permet notamment d’éviter les risques d’incompréhension de son corps et d’atteinte à l’intégrité des individus.
Ceci nous permet de comprendre le choix religieux dans les réalisations qui seront mises en places au terme de ce mémoire, en rappelant notamment que l’abstinence, lorsqu’elle est choisie par l’individu même, est un choix comme un autre.
L’apprentissage des codes sociauxÉgalement, s’il y a un apprentissage qui ne peut se faire qu’à l’école et nulle part ailleurs, c’est celui des codes sociaux, qui a une importance capitale lorsqu’il est question de sexualité.
Céline Alvarez1 dit par exemple que le choix de l’école à la maison est problématique. Elle nous donne dans son livre l’exemple d’un enfant dont les parents avaient fait la démarche2. Tout était prévu à ce propos. Les espaces étaient ergonomiques et les méthodes étaient pensées pour son épanouissement. Mais Céline Alvarez met le doigt sur l’échec de l’enfant. Elle nous que ça ne pouvait pas fonctionner parce qu’il manquait l’effet catalyseur d’un groupe d’enfants. Comme si la vie sociale était nécessaire à l’apprentissage.
Également, Matt Ross, dans son film Captain Fantastic3, nous dit que l’école est essentielle dans l’apprentissage des codes sociaux. En nous racontant l’histoire d’un père de famille qui a décidé de vivre en marge de la société avec ses enfants, et donc en marge des institutions scolaires, il nous montre une scène où le personnage Bo, qui a une vingtaine d’années, et qui malgré son érudition, n’arrive pas à aborder et à séduire une fille. Cette scène gênante et amusante nous montre que son discours amoureux était issu des livres, et non de son expérience sociale ( écrire son discours en illustration ). Ces deux exemples nous amènent à penser qu’en plus de développer l’intelligence culturelle, théorique et pratique, l’école développe également une intelligence sociale.
Extrait du film Captain Fantastic de Matt Ross, 1 heures 04 minutes 05 secondes
Et dans le cadre plus spécifique de mon projet, l’apprentissage de la relation est centrale pour construire sa propre identité sexuelle, par exemple en se comparant et en se confrontant aux autres, à travers l’expérimentation des relation amoureuses ou amicales par exemple. N’avons nous pas en chacun de nous un souvenir de premier amour dans la cour de récréation ?