Parlez de sexualité autour de vous, ou exposez la représentation d’un corps nu. Vous ne serez pas étonné des réactions. Elles seront la plupart du temps un sourire crispé ou une gêne légère. Quelques fois même, certaines personnes stopperont la conversation ou voudront cacher la représentation, car le tabou sexuel amène une censure. Ce tabou, lié à nos cultures, à nos traditions, sans qu’on puisse en connaître la réelle origine, est amené à être retravaillé. En effet, il pose problème. À cause de lui, le futur adulte peut avoir des difficultés à découvrir sa propre sexualité, à l’assumer en société, à accepter celle de l’autre. C’est ce qu’il se passe aujourd’hui. Des politiques conservatrices militent même contre la reconnaissance des sexualités minoritaires, contre la liberté sexuelle.
Dans cette perspective de reconnaissance de sa propre sexualité ou de la sexualité de l’autre, il faut parler des possibilités relationnelles, de ces libertés et ce dès le plus jeune âge. Il faut inciter l’enfant à s’exprimer, à se découvrir, à mettre des mots sur ses sensations, ses sentiments. Il faut mettre en place une médiation sexuelle, un principe qui déclenche et délivre des dialogues autour des relations, du respect, de l’amour.
Il s’agit alors d’analyser l’existant, de repérer ce qu’il se fait de mieux en terme d’éducation sexuelle. Elle peut exister à l’école au travers d’interventions d’associations, mais aussi à la maison, à travers les livres, les vidéos, ou les sites internets qui peuvent délivrer des informations à propos de la sexualité. Il s’agit également de se positionner par rapport à l’existant en fonction de nos préoccupations. Un fort parti pris est de ne pas aborder la question de la sexualité à travers la biologie, pour ne pas adopter une vision naturaliste et hétérocentrée de la sexualité, ni à travers la prévention, pour ne pas en proposer une vision anxiogène, mais plutôt à travers les notions d’affection, de sentiments, de plaisir.
République Française, Loi numéro 2001-588 du 4 juillet 2001 relative à l’interruption volontaire de grossesse et à la contraception, Section 9
Proposer des outils éducatifs en école élémentaire est l’intuition principale de ma démarche. L’éducation anticipée à la sexualité, c’est à dire plusieurs années avant la puberté, est pertinente dans le sens où les questions d’identité, de relations, de tolérance et de stéréotypes sont déjà présentes chez les enfants prépubères. Également, cet ensemble d’outils répondrait à une loi de l’éducation nationale, celle qui oblige les institutions scolaires à fournir, à raison de trois séances annuelles depuis la maternelle jusqu’au lycée, une information et une éducation à la sexualité1. Si ces écrits de 2001 ne sont pas vraiment respectés, c’est parce que les professeurs n’ont pas les moyens, si ce n’est le courage ou la volonté, d’en parler à leur classe. Car rappelons-le, l’éducation à la sexualité est d’un côté une problématique politique qui peut scandaliser les parents et de l’autre un sujet qui touche à l’intimité du pédagogue, et qui peut gêner le professeur. Ce kit lui permettra alors de délivrer sans gêne, ni difficulté une éducation sexuelle simple qui aspire à rendre la sexualité dans le langage ce qu’elle est dans la vie, quotidienne.
Voilà également l’enjeu de ce mémoire et de ce projet; faire réagir, faire parler, discuter à propos de ce sujet auquel nous ne sommes plus habitués. Il ne faut plus être gênés, il faut que nous parlions de sexualité.