Le samedi 15 octobre, c'est le jour d'ouverture de la fête de la science à Strasbourg. Le vaisseau, pour cet événement, a ouvert ses portes à tous, gratuitement. Et pour donner du dynamisme à cette journée qui apparaît comme la plus fréquentée de l'année, il a fait appel à nous pour mettre en place d'autres ateliers, deux jours après le premier. Le rythme est rude.
Sachant que j'allais avoir à faire à un public beaucoup plus varié que celui de jeudi, qui saura potentiellement lire et être plus apte à s'intéresser au sujet, j'ai décidé de réutiliser l'atelier de l'avant veille en modifiant une particularité significative : l'enjeu.
Cette fois-ci en effet, il ne s'agirait plus d'assembler uniquement des Kaplas. Il s'agirait d'écrire des mots au feutre sur une feuille à travers des pochoirs pour avoir une création finale. Ainsi, l'utilisateur a un but, l'installation ressemble plus à un atelier, et la table est par conséquent plus attractive.
Et l'atelier a par conséquent été beaucoup plus fréquenté. Il n'a quasiment jamais été vide pendant trois heures de présence. Les adultes et les enfants se sont succédés, et j'ai recueilli des informations précieuses.
En réalité, ces informations ne concernaient pas ma question initiale : Je n'ai pas réussi à savoir comment les enfants réagissaient devant une histoire d'amour qui ne correspond pas au modèle parental potentiellement hétérosexuel et bipartite. Mais il y a eu des réponses à d'autres questions inhérentes au projet.
Dans un premier temps, il y a eu un point qui sautait aux yeux : Il y a eu beaucoup plus d'adultes qui se sont prêtés au jeu par rapport aux enfants. Un garçon a même dit : « Ah non, ça c'est un atelier pour les adultes » Est-ce parce que il s'agissait du contenu textuel ? Est-ce parce qu'il y avait des adultes pleins la table à ce moment ? Est-ce parce que l'amour est un thème « adultes » ? Est-ce que les enfants ont plus de répulsions envers ce thème que les adultes ?
Ensuite, la remarque d'un garçon a été très intéressante. Il est venu avec sa sœur et lui a dit : « Ah, c'est un atelier pour toi ». Il ne s'agit pas d'une majorité parce qu'au final il y a peut-être eu plus de garçons qui sont venus à l'atelier par rapport aux filles. Mais cette phrase révèle que dans certains esprits l'amour est une problématique féminine.
Les productions finales des participants m'ont aussi donné un matériel à réflexion intéressant, auquel je ne m'attendais pas. Souvent, de grandes libertés ont été prises par rapport à ce que j'imaginais au départ. On remarque une volonté d'étendre le concept d'amour dans une vision plus générale que celle de la relation entre partenaires. Par exemple, on parle d'amour pour un chien, pour un livre, pour la cuisine. Également, les adultes notamment, se sont servis de l'atelier à des fins personnelles, pour exprimer leur amour à des personnes de leur famille. On remarque aussi que certaines productions ne sont plus des histoires d'amour, mais des citations qui font une éloge à l'amour. Et il n'y a eu dans ces différentes productions aucune références aux sexualités minoritaires, ni homosexuelles, ni bisexuelles, ni polyamoureuses, ni aux sexualités qui sont au yeux de la loi « déviantes ».
Mais maintenant, ce qui serait intéressant, ce serait de sortir de cette sphère de l'amour aux codes positifs et salvateurs très ancrés dans l'imaginaire commun, pour la comparer à des fait plus concrets, qui impliquent l’utilisateur et sa sexualité notamment.
D'une façon générale, il faut dès à présent que mes ateliers soient des prototypes d'un projet final, pour qu'ils m'apportent des choses plus concrètes que ce que j'ai déjà récolté maintenant !